Christiane Linet, ancienne présidente du World Wide Fund for Nature (WWF)-Belgique, est spécialiste des Galapagos où elle a fait de nombreux séjours depuis trente ans.
En quoi la marée noire menace-t-elle les Galapagos?
Elle menace essentiellement les micro-organismes, les coraux, les forêts marines. Cachés sous une nappe de pétrole, sans lumière, ils risquent de mourir rapidement. Les autres espèces en danger sont celles qui se nourrissent sous l'eau: cormorans, albatros, iguanes marins... En plongeant, ils se couvrent de pétrole et ne peuvent plus ni flotter ni voler et finissent par mourir. Déjà, quelques fous à pieds bleus, pélicans et albatros ont été mazoutés. Il y avait déjà eu une marée noire en 1989, mais celle-ci est beaucoup plus importante, en volume en tout cas.
Pourquoi nous intéressons-nous tant à l'archipel des Galapagos?
Quand on débarque là-bas, on a l'impression de tourner les pages d'un livre. On comprend comment la vie et les espèces se sont développées. On voit bien pourquoi c'est là que Darwin a élaboré sa théorie de l'évolution des espèces. Et puis, quand je suis arrivée il y a trente ans, les animaux n'avaient pas peur des hommes. Les otaries prenaient les piquets de tentes, les iguanes entraient dans les sacs à dos et les oiseaux se perchaient sur vous. Mais le plus important, c'est que 40 % des espèces de l'archipel sont endémiques: elles n'existent nulle part ailleurs.
Quelle est la spécificité de l'environnement?
Ces îles sont des pics volcaniques émer