Kano correspondance
Première femme du Nigeria à avoir endossé la tenue d'arbitre de football, Grace se demande si elle ne sera pas forcée de quitter Kano sa ville natale. Car pour cette jeune Nigériane chrétienne, la situation est devenue délicate depuis que la capitale du plus puissant des Etats du nord du pays a décidé en novembre d'instaurer la charia. Les premières mesures ne présagent rien de bon: dans cette ville de plus de six millions d'habitants, tous les cinémas ont été fermés. Les descentes de police dans les lieux de prostitution et les menaces contre les membres des associations chrétiennes entretiennent la tension. Pourtant Kano n'innove pas: depuis un an, c'est le neuvième Etat du nord nigérian à avoir adopté la loi islamique.
«Inhumain et dégradant.» Le mouvement avait été amorcé par l'Etat voisin de Zamfara, le premier à avoir introduit la charia dans le code pénal. Vendredi dernier, une adolescente de 17 ans y a reçu 100 coups de fouet pour avoir eu des relations sexuelles hors mariage. Bariya Ibrahim Magazu, enceinte au moment de son procès devant un tribunal islamique avait pourtant déclaré qu'elle avait été violée. Les juges l'ont alors accusée de mensonge. Ils ont cependant réduit sa peine de 180 à 100 coups de fouet face à l'indignation générale que cette affaire a suscitée au Nigeria comme à l'étranger. Mardi, l'Unicef a ainsi condamné cette flagellation «cruelle, inhumaine et dégradante».
Rivalité. Dans l'Etat voisin de Kano, où vivent plusieurs centain