Le procureur du Tribunal pénal international (TPI) de La Haye a quitté hier soir Belgrade quasiment les mains vides. Sa visite de trois jours s'est déroulée dans un climat tendu: il y a eu des manifestations d'hostilité ouverte et quelques oeufs lancés sur sa voiture par une poignée de nostalgiques de l'ancien régime. Quant aux rencontres officielles, elles ont été plus courtoises, mais la magistrate suisse s'est trouvée face à une fin de non-recevoir à propos de ses principales exigences.
Contact établi. C'était la première fois qu'un procureur de cette cour, créée par l'ONU en 1993 pour juger les crimes les plus graves commis dans l'ex-Yougoslavie, se rendait sur le territoire de la RFY (République fédérale yougoslave). Quatre mois après le renversement de Slobodan Milosevic, Carla Del Ponte voulait poser, avec Vojislav Kostunica et le nouveau pouvoir réformiste, les bases d'une véritable coopération. Les autorités bosniaques et celles de la Croatie de l'après Franjo Tudjman collaborent désormais aux enquêtes du TPI avec plus ou moins de bonne volonté et acceptent d'extrader leurs ressortissants à La Haye. Belgrade s'y refuse encore. Le contact est néanmoins établi et le TPI va bientôt rouvrir un bureau dans la capitale yougoslave.
«J'ai été surprise par le fait que ma rencontre avec le président Vojislav Kostunica n'ait conduit à aucun dialogue significatif [...], j'avais vraiment l'impression qu'il voulait se livrer à une déclaration politique sur le TPI et non pas mener u