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Libération
Enquête

Le huis clos basque.

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Au Pays basque espagnol, une frange de la population (15 à 20%) se refuse à condamner la violence de l'ETA (23 assassinats l'an dernier). Enquête dans une ville- bastion de la mouvance indépendantiste.
publié le 26 janvier 2001 à 22h11

Pays basque espagnol envoyée spéciale

C'est là qu'aura lieu la manifestation, sur la petite place pavée où se serrent les maisons. Il n'y aura pas de banderoles, juste des slogans et une marche. Julem et les autres ont l'habitude. Une fois encore, ils s'opposeront aux mesures politiques et judiciaires du gouvernement espagnol contre l'ETA. Il pleut finement, des voitures de police tournent au ralenti autour de la place. C'est un jour ordinaire à Arrasate, au Pays basque.

Au même moment, partout ailleurs en Espagne, d'immenses défilés se préparent, des centaines de milliers de personnes, quelques curés, des politiques. Quelques heures plus tôt, en Catalogne, la voiture du conseiller municipal de Terrassa a fini par exploser après avoir roulé deux heures, une bombe de cinq kilos cachée sous le siège. La mort de cet obscur quinquagénaire du Parti populaire, formation de droite au pouvoir en Espagne, a été revendiquée par l'ETA comme la 23e victime pour l'an 2000. A Madrid, le gouvernement tonne. «L'offensive terroriste», titre le quotidien El Pais. A Arrasate, Julem n'en dit pas un mot. Ni lui ni personne, comme si la même histoire s'écrivait, mais avec d'autres règles.

Arrasate et ses 24 000 habitants est une de ces villes que la police espagnole appelle une «forteresse de l'ETA». Comme dans une soixantaine de communes sur 250, l'aile politique de l'organisation séparatiste Euskal Herritarrok (ex-Herri Batasuna) tient la mairie depuis presque treize ans. Julem Mendizabel, étudian