Que veut l'Allemagne? En quelques jours se sont effondrés les présupposés sur lesquels reposait la politique européenne de la France. Après le fameux discours de Joschka Fischer, le chef de la diplomatie allemande, qui, en mai, proposait d'achever la mutation de l'Union en une «fédération européenne», le Quai d'Orsay a dit et répété que le ministre écologiste ne parlait qu'en son nom, faisait surtout un «coup» de politique intérieure et que le chancelier Gerhard Schröder n'était pas sur la même longueur d'onde. Quant à la volonté allemande de tenir une nouvelle conférence intergouvernementale en 2004, on l'interprétait d'abord à Paris comme le souhait de revoir la répartition des compétences au détriment de Bruxelles et au bénéfice des Länder, plutôt que d'aller vers une fédération. Fischer n'était donc qu'un franc-tireur écolo, et l'Allemagne aussi égoïstement nationaliste que la France... Las! Vendredi, Schröder a enfourché le cheval intégrationniste de son ministre. Surtout, les Allemands ont précisé que le rendez-vous de 2004 ne vise nullement à détricoter l'Union, mais au contraire, à sortir du flou actuel: «la délimitation des compétences doit être une voie à deux sens», a ainsi précisé hier Fischer. Pour Berlin, 2004 doit donc être un grand rendez-vous constitutionnel. Nullement démonté, le Quai d'Orsay se demande s'il ne faut pas voir là une manoeuvre machiavélique: conscients d'avoir remporté une victoire au Sommet de Nice, les Allemands veulent se poser en leader d
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