Istanbul de notre correspondant
Chaque jour, des groupes de quelques centaines de personnes se regroupent devant l'ambassade de France à Ankara pour crier leur colère après l'adoption par le Parlement français, le 18 janvier, d'une loi reconnaissant le génocide arménien de 1915. Il y a parfois des syndicats de fonctionnaires; le plus souvent, il s'agit de militants nationalistes ou de représentants d'associations d'anciens officiers et sous-officiers qui condamnent «une décision contre le peuple turc prise pour des intérêts électoraux». La folie «antifrançaise» continue de balayer la Turquie, alors que le Premier ministre, Bülent Ecevit, les diplomates, plusieurs universitaires et des hommes d'affaires appellent au calme
Langue. Trois projets de loi contre la France sont déposés au Parlement turc depuis mercredi. Les députés de la coalition gouvernementale et ceux du Parti islamiste veulent une loi qui reconnaîtrait et condamnerait «le génocide en Algérie, le soutien français au génocide au Rwanda et les massacres en Indochine commis par la France». De leur côté, les ministres de la Santé et de l'Agriculture ont déjà annoncé que l'achat des médicaments, des vaccins et des équipements médicaux, ainsi que celui des produits agricoles français, y compris le vin, seront interdits si la loi n'était pas annulée par le Conseil constitutionnel français.
La décision d'interdire l'enseignement en français par trois universités (deux publiques, Istanbul et Firat-Diyarbakir, et une privée,