La justice iranienne, largement dominée par les conservateurs, a arrêté en vingt-quatre heures un député et deux journalistes réformateurs, resserrant l'étau autour du courant proche du président Mohammad Khatami, à cinq mois de la présidentielle. Samedi, un journaliste de renom, Naghi Afchari, directeur de l'hebdomadaire Hadis, et père d'un dirigeant estudiantin emprisonné, a été interpellé à Ghazvin (ouest) puis incarcéré. Il était accusé d'avoir critiqué le fonctionnement de la justice, selon le quotidien réformateur Hayat-é-no. Dimanche, le député Hamid Loghmanian, accusé lui aussi d'avoir «critiqué la justice», puis le journaliste progressiste Hoda Saber, un des dirigeants de la revue interdite Iran Farda («Iran demain») ont été arrêtés à Téhéran.
«Arbitraire». Le député a été libéré quelques heures plus tard après les très vives réactions de ses collègues. La séance du Majlis (le Parlement) consacrée au budget a été interrompue par des députés en colère qui ont dénoncé cette «arrestation fracassante et arbitraire», une première depuis de nombreuses années. Akbar Alami, élu de Tabriz (ouest), a demandé publiquement que les députés puissent jouir désormais de l'immunité parlementaire, ce qui n'est pas explicitement le cas aujourd'hui. Plusieurs députés réformateurs, dont Mohammad-Reza Khatami, vice-président du Majlis et frère du Président, sont actuellement poursuivis.
Frustration. La justice iranienne a par ailleurs prononcé trois condamnations à mort dans le procès des