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Libération

Collabos palestiniens dans la nasse.

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Lâchés par Israël, les supplétifs arabes de l'Etat hébreu sont traqués par les leurs.
publié le 30 janvier 2001 à 22h18

Gaza, Lod envoyé spécial

D'abord, il y eut ces images, diffusées par les télévisions du monde entier. Un traître ligoté dans une cour de caserne face à une rangée de fusils. Ordre sec et rafales. Tétanisé devant son poste à écran plat, seul luxe de sa modeste planque, Youssouf a encaissé la scène comme une salve, des frissons sur l'échine. Pour un Arabe ayant, un jour, apporté son concours aux forces d'occupation israéliennes, le message cathodique ne permet pas le doute. «La chasse aux collaborateurs est ouverte.» En passant par les armes Madji Makawi à Gaza, Alam Bani Odeh à Naplouse, convaincus de collusion avec l'ennemi par un tribunal militaire, l'Autorité palestinienne a signifié on ne peut plus clairement ses intentions. Et la confirmation de ces craintes ne s'est pas faite attendre. Suivant de peu l'exécution, un appel sur son téléphone, au numéro pourtant discret, met fin à la quiétude relative de Youssouf. Rattrapé par la peur. La voix ferme, insistante, lui conseille de se rendre. Son interlocuteur n'omet aucun détail. Identité, travail, adresse. Rien de sa nouvelle vie ne lui est inconnu. Menace si peu voilée.

Dans sa retraite, Youssouf panique. Il prend contact avec d'autres transfuges. Et ils sont nombreux. En évacuant partiellement Gaza et la Cisjordanie il y a sept ans, après la signature des accords d'Oslo, l'armée israélienne ramène dans ses cantines pas moins de 2 500 familles palestiniennes par trop liées à ses exactions. Installés en Israël, ces supplétifs