Moscou de notre correspondante
Le conflit entre la chaîne de télé privée NTV et son créancier Gazprom, le géant gazier détenu à 38 % par l'Etat, menace directement l'existence de la chaîne indépendante. Jeudi dernier, Alfred Kokh, en charge du département médias de Gazprom, a annoncé que Gazprom qui contrôle 46 % de NTV en a pris le contrôle, la justice ayant mis sous séquestre 19 % des actions de la chaîne. Un nouveau conseil d'administration pourrait être formé. Dans le collimateur de la justice depuis des mois, NTV, le fleuron du groupe de presse indépendant Media Most, passerait alors sous contrôle de l'Etat.
Contradictoire. Sous le choc, les journalistes de NTV crient au scandale politique. Après l'interrogatoire, vendredi dernier, d'une présentatrice du journal, une dizaine de journalistes ont été reçus lundi par Vladimir Poutine. Selon Evgueni Kissiliov, directeur général de la chaîne et présentateur vedette, le dialogue a été «difficile» et n'a abouti à rien de concret. Jeudi, lors d'une conférence de presse de Gazprom, le président de Gazprom-Media, Alfred Kokh, a donné deux réponses contradictoires à la question: «Pensez-vous que le Kremlin a une influence dans les événements autour de NTV?» Au journaliste de la chaîne qui l'interrogeait, Kokh a laconiquement répondu: «Non.» Quarante minutes plus tard, il répondait différemment à la même question posée par un journaliste étranger: «Oui, le Kremlin influe sur la situation.» Et de raconter sa rencontre avec Poutine