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Libération

Les sectes, sauve-qui-peut au Congo-Kinshasa.

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publié le 31 janvier 2001 à 22h19

Kinshasa envoyé spécial

«Répétez après moi, hurle le pasteur à s'en arracher les cordes vocales. Cette année, je n'ai pas besoin de gymnastique!» Et la foule de répéter trois fois à tue-tête l'énigmatique formule. D'autres suivront: «Tu es la propriété privée de Jésus-Christ», etc. C'est dimanche et l'église de la Victoire a fait le plein. Trois cultes dans la journée suffisent à peine à écluser le flot de fidèles qui se massent dans le grand hangar fermé par une porte noire où l'on a peint à l'intention des incrédules: «Miracle Center». Un pasteur en chemise rayée et cravate à pois débite son sermon en hurlant dans un micro sans fil à la manière d'un gangsta rappeur. Un assistant traduit du français au lingala, la langue la plus usitée à Kinshasa, en quasi-simultané. Le sens du sermon est passablement confus mais peu importe, la foule est déjà en transe: de temps en temps, une femme se jette au pied du pasteur qui la projette face contre terre en hurlant «Retire-toi démon, et ne reviens pas!» Le décorum en impose: deux fauteuils Louis XV tropicalisés tiennent lieu de trône. Au mur, une inscription: «Je suis ce que Dieu dit que je suis et non ce que dit le monde que je suis.» Signé Fernando Kutino, fondateur de l'Eglise de la Victoire.

Or et croco. Au fond de la cour, un bâtiment abrite les studios de télé de l'Eglise ainsi que ses bureaux. A l'étage, Fernando Kutino, le fondateur, se prélasse pendant que la foule entame des cantiques en dansant. A 38 ans, il est à la tête de