Bogota de notre correspondant
Andrès Pastrana s'était donné quatre jours pour sauver le processus de paix. Le président colombien avait prolongé jusqu'à dimanche l'existence de la zone démilitarisée dont disposent depuis deux ans les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), dans le sud du pays. Et avait menacé d'envoyer l'armée reconquérir ce territoire grand comme la Suisse, si le chef de la guérilla, Manuel Marulanda «Tirofijo», n'acceptait pas une rencontre pour relancer les pourparlers suspendus en novembre dernier.
Une sorte de coup de poker, dans un pays ou la guerre civile a fait 130 000 morts en trente-sept ans et où les enlèvements, en moyenne 3 000 par an, font régner une terreur insidieuse. Vendredi, le septuagénaire «Tirofijo» a répondu positivement en acceptant le principe d'une rencontre, jeudi prochain. Il en a même fixé l'ordre du jour. La principale guérilla de Colombie veut discuter avec Pastrana de trois points: l'échange de prisonniers entre l'armée et les Farc, la question des paramilitaires d'extrême droite et le plan Colombie de lutte antidrogue, financé en partie par les Etats-Unis.
Les deux hommes s'étaient rencontrés une première fois en juillet 1998 dans la future zone, peu après la prise de fonctions de Pastrana. «C'était une initiative audacieuse, évoque Carlos Lemoine, directeur d'un institut de sondage, qui a éveillé de grands espoirs.» Elle a surtout permis la création, quatre mois après, de ce qui est depuis l'exception colombienne: un