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Libération

La justice espagnole déboute Aznar

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Conflit de compétence après l'annulation du gel des salaires des fonctionnaires.
publié le 3 février 2001 à 22h34

Madrid de notre correspondant

L'exécutif s'en prend au judiciaire au nom de la souveraineté du législatif. C'est cette curieuse bataille entre les trois pouvoirs qu'a lancée le gouvernement de José Maria Aznar. Loin de remettre en cause la fonction des magistrats, les dirigeants espagnols se sont engagés dans une lutte acharnée au nom du «respect des compétences de chaque pouvoir», estimant que l'autorité du Parlement a été remise en question par une décision judiciaire.

Décision inédite. L'origine de ce conflit, appelé à monter crescendo, remonte à la semaine dernière, lorsque l'Audiencia nacional, la plus haute juridiction nationale, prend une décision pour le moins inédite: l'annulation du gel des salaires des fonctionnaires, décidé par le gouvernement de centre droit en 1997, puis ratifié par le Parlement lors du vote du budget de la nation. C'est un coup de théâtre auquel personne ne s'attendait: farouchement défendus par une avocate du syndicat Comisiones obreras (CCOO) ­ proche du Parti communiste, des plaignants s'appuient sur un accord signé, en 1996, entre centrales syndicales et Parti socialiste, à l'époque où ce dernier était encore au pouvoir. Et ils obtiennent gain de cause: les magistrats ordonnent à l'exécutif d'honorer des arriérés dus à l'ensemble des 2,2 millions de fonctionnaires espagnols. Selon les calculs de la banque BSCH, le montant de ce paiement rétroactif s'élèverait à 43 milliards de francs (environ 6,55 milliards d'euros), soit près de 1 % du PIB