Gush Qatif envoyé spécial
Gush Qatif envoyé spécial
Des serres, à perte de vue. Alignement de pépinières ceint de clôtures électrifiées. Une industrie ultramoderne, en bordure du désert, poumon économique des colonies juives de Gaza. Sous plastique poussent des fraises, des tomates, des fleurs. Primeurs d'hiver. Un petit tour de passe-passe à l'étiquetage et ces «produits d'Israël», cultivés en territoires palestiniens, prennent le chemin des tables européennes. Responsable de la filière agricole pour un moshav de Gush Qatif, une coopérative de paysans indépendants, Yossi Serfati refuse d'y déceler malice. «Près de 90 % de nos récoltes sont destinés à l'exportation. Nous livrons nos clients bien après que l'Espagne a cessé et bien avant que la Hollande s'y mette.»
Sourire ravi, Yossi Serfati ne discourt pas. Il prêche. Une homélie à la gloire du poivron «nourri au compost, mûri par le soleil». Preuve comestible de ce «miracle» qui légitime, à ses yeux, l'implantation des colons dans le désert palestinien. Car l'occupant se voit pionnier. Les dunes de Gaza pour terre promise. L'agriculture biologique pour profession de foi. Les résidents de Gush Qatif ne cherchent pas dans la religion une justification à la présence israélienne sur cette bande de sable dévolue aux Arabes par les accords d'Oslo. Rares sont ici les exaltés de l'orthodoxie, qui pullulent en Cisjordanie. Mais l'attachement au projet sioniste de développement n'en est pas moins solide. Et l'engagement des travaillist