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Libération

Les étrangers de Côte-d'Ivoire contraints à l'exode

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Quelque 10 000 Burkinabè et Maliens partent chaque jour suite aux violences exercées sur eux.
publié le 6 février 2001 à 22h38

Abidjan de notre correspondante

Les chiffres sont éloquents: chaque semaine, ce sont désormais quelque dix mille Burkinabè et Maliens qui quittent leur pays d'adoption, la Côte-d'Ivoire, pour retourner dans leur patrie d'origine. Un exode inquiétant dans un pays qui compte 26 % d'étrangers, soit 4 millions d'immigrés sur une population de 15,4 millions de personnes. Aujourd'hui, la peur des rackets et des arrestations arbitraires a remplacé pour ces immigrés africains l'attrait pour l'eldorado ivoirien.

Accélération. Le mouvement de retour s'est accéléré depuis le putsch manqué du 7 janvier dernier, au cours duquel des militaires ont tenté de renverser le président Laurent Gbagbo. Une fois de plus, les étrangers ont été montrés du doigt, considérés d'emblée comme les «alliés naturels» des Ivoiriens du nord du pays, qui forment les gros bataillons du principal parti d'opposition, le Rassemblement des démocrates (RDR).

Ibrahim est un Burkinabé d'une quarantaine d'années. Ce directeur de PME à Abidjan a lui aussi décidé de partir après quatorze ans passés en Côte-d'Ivoire. Son histoire ressemble à celle de milliers de ses semblables. «La nuit, je ne dors pas. Je revois le film des événements. Les gendarmes sont venus chez moi. L'un d'eux a pointé son arme sur moi. Ils ont tout fouillé et tout emporté. Mon voisin, un Malien, ils l'ont tué, parce qu'il a refusé d'ouvrir. Ça me fait mal au coeur de partir, mais je n'ai pas le choix, je suis burkinabé, je ne peux pas le changer», expl