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Libération

De la guerre du Golfe au Kosovo, la triste trace de l'uranium appauvri

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Alors que le nombre de malades civils et militaires augmente, l'Otan, les Etats et les associations de victimes ne vont pas dans le même sens.
publié le 8 février 2001 à 22h41

Belgrade

de notre correspondante

La presse yougoslave évite l'alarmisme sur l'uranium appauvri mais la population serbe ne cache plus son inquiétude. Pris de court par l'explosion du «syndrome des Balkans» en Occident, les médias avaient d'abord adopté un profil bas. L'affaire rappelait trop la propagande du régime Milosevic qui, en 1994-95, accusait l'Otan d'utiliser des munitions à l'uranium appauvri contre les forces serbes de Bosnie, qui encerclaient Sarajevo. Les Yougoslaves ont fait preuve du même scepticisme lorsque les médias du régime sont revenus à la charge pendant les bombardements de l'Alliance atlantique au printemps 1999. Aujourd'hui, il s'avère qu'ils disaient vrai.

Des examens dès 1991. L'uranium appauvri vient s'ajouter à une longue liste de substances toxiques qui se sont échappées des complexes industriels détruits par les bombes de l'Otan en Serbie.

Pathologiste à l'hôpital militaire de Belgrade, le colonel Zoran Stankovic assure avoir examiné à peu près 4 000 victimes des guerres de Croatie et de Bosnie, entre 1991 et 1995. Comme les médecins légistes civils demandaient des honoraires élevés pour ce travail, c'est lui qui était envoyé sur les fronts, y compris sur des sites bombardés par l'Otan avec des armes contenant de l'uranium appauvri, notamment dans l'éphémère «République serbe de Krajina», proclamée unilatéralement par les Serbes en Croatie et en Bosnie. «Quand l'Occident a commencé à parler du syndrome des Balkans, les gens se sont rappelé que j'av