Jean-Bertrand Aristide, 47 ans, a prêté serment, hier à Port-au-Prince, et a reçu l'écharpe présidentielle bleu et rouge des mains de son prédécesseur, René Préval, devant un maigre parterre diplomatique. L'investiture est contestée et la passation de pouvoir, formelle. Aristide dirige de fait le pays depuis 1994, depuis son retour de l'exil auquel l'avait contraint le coup d'Etat militaire du 30 septembre 1991. René Preval qui lui succède en 1996 restera, tout le long de son mandat, sous sa tutelle. Sur le fond, pourtant, les choses ont changé. En pire, pour les 5 millions d'Haïtiens (sur 8 millions) qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté. L'enthousiasme qui avait accompagné la première prise de pouvoir d'Aristide, le 7 février 1991, est tombé.
Accusations. Il faut dire que l'homme aussi a changé: l'ancien prêtre des bidonvilles est aujourd'hui marié, père de famille et habite une maison cossue. Aristide et son entourage sont accusés par une partie de l'opposition de s'être enrichis illicitement, d'être impliqués dans des éliminations d'opposants et d'être mêlés à des trafics de drogue, accusations qualifiées de «calomnies» par le principal intéressé.
Politiquement, la petite république d'Haïti est déchirée. Le mouvement Lavalas au pouvoir a subi d'importantes défections. L'opposition, de son côté, conteste les résultats des dernières élections législatives du 21 mai et de la présidentielle du 26 novembre qu'elle a boycottées. Elle a été relayée, sur ce point, par une par