Si l'uranium inquiète, le plutonium terrorise. C'est dire l'émotion suscitée par l'Otan contrainte, le 18 janvier dernier, de reconnaître que les munitions à l'uranium appauvri utilisées dans les Balkans contenaient des «traces de plutonium». Alors que les partisans du nucléaire présentaient jusqu'alors l'uranium appauvri (UA) comme moins dangereux car moins radioactif que l'uranium naturel, voilà qu'il contient le métal le plus toxique qui soit, celui qui sert à fabriquer les bombes H. Les militaires et les industriels de l'armement ont-ils sciemment menti? Remonter la filière industrielle de l'uranium appauvri permet d'y voir plus clair. Et d'apprendre que les munitions tirées sur l'Irak et les Balkans ont été usinées dans un métal, d'abord passé par le réacteur de centrales nucléaires américaines.
«Nous pensons que certains stocks d'uranium appauvri peuvent contenir des quantités minuscules de plutonium.» L'homme qui s'exprime ainsi est David Michaels, en charge des questions d'environnement au département américain de l'Energie, l'administration notamment responsable de la fabrication des armes atomiques. Il s'exprimait ainsi dans un courrier adressé à une organisation américaine des plus militante contre le lobby militaire, le Military Toxics Project. Et il le faisait le 20 janvier 2000, un an avant la «découverte» de plutonium dans l'UA utilisé dans les Balkans.
Origine américaine. Dans son bureau parisien, un spécialiste du Commissariat à l'énergie atomique (CEA)