Les urnes ont des raisons que le coeur ne connaît pas. Prenant acte de la victoire d'Ariel Sharon, Paris a joué le jeu diplomatique international en saluant le successeur d'Ehud Barak avec lequel les relations ont jusqu'ici été très tendues. Non sans marquer clairement l'importance qu'elle accorde à la poursuite du processus de paix au Proche-Orient. «Félicitations» donc de Jacques Chirac qui a affirmé hier «ne pas douter que le gouvernement que (Sharon) formera poursuivra pour l'achever (l') objectif incontournable» qu'est une paix «globale, juste et durable»; «félicitations» analogues de Lionel Jospin qui, lui aussi, a souligné «la tâche qui l'attend, celle de la paix» à laquelle «la France est ardemment attachée». La veille, le chef de la diplomatie Hubert Védrine s'était contenté de déclarer que Paris «évaluerait la politique de M. Sharon sur les actes» en précisant, pragmatique: «Même les pays arabes n'ont pas fermé la porte. Ils attendent de voir.»
«Provocation irresponsable». Ces politesses font difficilement oublier les convulsions qui ont émaillé ces dernières années les rapports des principaux dirigeants français avec Ariel Sharon. La plus récente fut la plus spectaculaire. «Provocation irresponsable» qui a déclenché «un embrasement prévisible», s'était exclamé Jacques Chirac après la visite de celui qui était alors le chef du Likoud, le 28 septembre sur l'esplanade des Mosquées. «Je souhaite que chacun comprenne qu'on ne lutte pas contre l'émotion d'un peuple avec