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Libération

Visite de la police chez les Souaïdia.

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En Algérie,la famille de l'auteur de «la Sale Guerre» a peur.
publié le 10 février 2001 à 22h47

Cahors envoyée spéciale

Depuis deux jours, le quartier de la Cathédrale à Tébessa est terrorisé. Là, dans cette ville de l'est algérien, vit la famille de Habib Souaïdia, cet ex-lieutenant qui vient de publier la Sale Guerre (Libération du 8). En France, son témoignage a provoqué la stupeur: voilà pour la première fois confirmées, par un officier de terrain, les violences, les exactions, les tortures commises au quotidien par les militaires dans ce conflit qui a fait plus de 150 000 morts. En Algérie, c'est un autre genre de lancement qui a lieu, comme s'il fallait, pour sa sortie, illustrer le livre de Souaïdia.

Le 7 février à Tébessa, un homme avec une caméra sonne chez la mère de l'ex-officier. «Mouloud Benmohammed, journaliste», se présente-t-il. «Ton fils vient d'écrire un livre qui va bouleverser le monde.» Dans la maison, les frères s'affolent. Deux sont chômeurs, «comme tous les Algériens». L'autre vend des vidéos. Famille modeste, sans histoire. Habib, lui, avait signé dans les troupes d'élite «par esprit patriotique, pour combattre les islamistes».

Déjà, au printemps dernier, lorsque l'ex-officier tout juste réfugié en France avait donné un témoignage dans des médias, ses frères et quatre amis à Tébessa avaient été interrogés par la sécurité militaire. Cette fois, «Mouloud Benmohammed, journaliste» est éconduit. Il reviendra, dit-il. Le 8 février, encadré d'importantes forces de sécurité, c'est tout le quartier de la Cathédrale qui est passé au crible. «Depuis, on a p