Tout juste embauché dans un atelier d'artisanat de Shenzhen, en Chine, le jeune homme est allé voir le gardien, chargé de la sécurité. Il vient juste protester contre l'espace qui lui a été assigné pour dormir, à peine un bout de sol dans une pièce bondée. La discussion vire à l'aigre. Alors, le gardien traîne le garçon sur le toit du magasin, le tabasse puis le jette du haut des cinq étages. C'était le cinquième à mourir ainsi et pour les mêmes raisons en novembre 1998, à Shenzhen. Histoire de torture, histoire de la Chine ordinaire.
«Aujourd'hui, avec les mutations de la société qui entraînent un accroissement des abus de pouvoir, la torture dépasse largement le cadre de la répression politique pour toucher tous les secteurs. C'est devenu un véritable système. L'arbitraire a atteint de telles proportions que n'importe qui peut se retrouver face à un tortionnaire, en allant au supermarché ou payer ses impôts», explique un membre d'Amnesty International, qui a sorti hier un rapport sur la torture en Chine.
Proies faciles. Généralisée et systématique, cette pratique dépasse largement les structures étatiques, postes de police jusqu'aux camps de «rééducation par le travail», selon le rapport. Parce qu'ils se sont plaints de prix trop élevés, parce qu'ils se sont querellés avec un membre de l'administration, parce qu'ils n'ont pas de quoi rembourser leurs dettes, des dizaines de milliers de Chinois subissent tous les ans des mauvais traitements. Les plus touchés sont bien sûr les