Ankara envoyé spécial
La Safrane bleu nuit du Premier ministre turc, Bülent Ecevit, était un symbole. Arrivé au pouvoir il y a deux ans, le leader de la gauche nationaliste avait boudé les rutilantes berlines officielles et gardé sa vieille Renault, peaufinant ainsi son image de rigueur et de simplicité. Lundi, il est arrivé à la réunion hebdomadaire du conseil des ministres dans une Hyundai blindée, tombée en panne dès le lendemain. Ce changement soudain de véhicule a été remarqué. Nombre de commentateurs y ont vu «le geste personnel de protestation du chef de gouvernement». Ankara alterne menaces ouvertes et sous-entendus plus rassurants depuis le vote, le 18 janvier, par l'Assemblée nationale française d'une loi reconnaissant le génocide arménien de 1915. Jusque-là principal soutien de la Turquie pour son adhésion à l'UE et premier investisseur étranger dans le pays, la France est depuis lors traitée comme un pays hostile. «Nous nous sommes senti trahis et agressés par le pays que nous considérions comme le plus proche, la seule autre république jacobine», souligne Bülent Akarcali, député d'Istanbul de la droite modérée. La visite officielle à Paris du président arménien, Robert Kotcharian, pourtant prévue de longue date, a encore accru l'ire turque.
Accusation injuste. L'adversaire le plus déterminé est l'armée. Elle a annoncé la rupture de tous les contacts bilatéraux. La mission militaire française à Ankara, jusqu'ici très active, se retrouve au chômage technique. «La Tu