Spietz envoyé spécial
Le paysage est helvétiquement bucolique. Le lac de Thoune, les Alpes enneigées, les vaches dans les prés. C'est dans cette Suisse de carte postale que se niche un des laboratoires les plus performants d'Europe sur les armes chimiques, bactériologiques et nucléaires. Quelques bâtiments abritent le laboratoire de Spietz où travaillent une vingtaine de «Herr Doktor», chimistes pour la plupart, ainsi qu'une trentaine de laborantins. Payés par le département fédéral de la Défense, ils analysent notamment les gaz de combat ypérite, sarin, tabun... «Nous avons un kilo de ces substances, alors qu'une goutte de 20 ml de sarin peut tuer un homme, mais le laboratoire est sous clef et il y a un garde la nuit», rassure Christophe Kurthy, responsable de la division des armes chimiques. C'est aussi dans ce laboratoire que sont testés une cinquantaine de prélèvements d'eau, de terre, de plantes et de munitions contaminés à l'uranium appauvri, rapportés en novembre du Kosovo pour le compte de l'ONU, afin d'avérer ou non l'existence d'un éventuel «syndrome des Balkans».
Max Keller, qui dirige les études à Spietz, n'y va pas par quatre chemins. «Cette affaire d'uranium appauvri relève presque de l'hystérie, affirme-t-il. Regardez dans ma main, j'ai un propulseur d'un projectile de 30 mm, pareil à ceux accusés d'avoir causé le syndrome du Golfe, puis celui des Balkans. Je le passe au détecteur. Vous entendez les bips. Maintenant, je prends une montre suisse fabriquée il y