Berlin de notre correspondante
Joschka Fischer a-t-il petit-déjeuné avec la terroriste Margrit Schiller dans son appartement communautaire de Francfort-sur-le-Main, en 1973? Le parquet de Francfort, le Bundestag et, avec plus d'appétit encore, tous les médias allemands vont devoir maintenant se consacrer à cette question, légèrement déstabilisante pour le ministre allemand des Affaires étrangères. Déjà houspillé depuis des semaines pour son passé militant d'extrême gauche, le ministre vert est cette fois suspecté de «faux témoignage» lors de son audition, le 16 janvier dernier, au procès de son ancienne connaissance, le terroriste repenti Hans-Joachim Klein.
Invité à raconter comment il avait connu Klein au début des années 70 à Francfort, alors qu'ils faisaient tous deux partie de la vaste mouvance révolutionnaire locale, Joschka Fischer s'était soudain vu demander par le procureur Volker Rath s'il avait vécu avec Margrit Schiller: une sympathisante de la Fraction armée rouge, condamnée en février 1973 à deux ans et trois mois de prison pour soutien à une organisation criminelle, détention illégale d'armes et falsification de documents. «Nous n'avons pas habité ensemble, avait répondu Fischer. Et je vous dis d'emblée, avait-il ajouté par boutade, je n'étais pas non plus son amant.» A des journalistes, plus tard, le ministre a légèrement précisé ses souvenirs, reconnaissant que Margrit Schiller avait peut-être habité la même maison que lui, une vaste demeure de cinq étages, oc