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Libération
Portrait

Un magnat russe en exil

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Accusé d'escroquerie et réfugié en Espagne, Goussinski risque la prison dans son pays,
publié le 19 février 2001 à 23h02

Sotogrande (Espagne) envoyée spéciale

Dans sa luxueuse villa de Sotogrande, sur la Costa del Sol, Vladimir Goussinski est comme un lion en cage. Le téléphone portable collé à l'oreille, il tourne autour de la piscine en gesticulant. A peine rassis à table, il prend un appel sur le poste fixe. A peine le temps d'avaler trois cuillers de borchtch et de répondre «Spasiba» (merci, en russe) à ses deux employées espagnoles, cela sonne encore.

En butte à une demande d'extradition de Moscou, qui l'a inculpé d'«escroquerie à grande échelle», Goussinski, 49 ans, patron du groupe de presse Media Most, vit en résidence surveillée en Espagne. Depuis sa réclusion dorée, il orchestre la résistance face à l'offensive du pouvoir, qui cherche à remettre au pas ses médias trop critiques. Media Most comprend les titres les plus prestigieux des médias d'opposition: la chaîne de télé NTV et l'hebdomadaire Itogui, publié en collaboration avec l'américain Newsweek, dont il est inspiré. Selon les experts, NTV est l'investissement le plus prometteur dans les médias russes.

A priori, la situation de Goussinski est délicate. Arrêté le 12 décembre par les Espagnols, il a passé dix jours en prison à Madrid. Si la justice madrilène décidait de l'extrader, il se retrouverait derrière les barreaux en Russie, et pour longtemps. A Moscou, le directeur financier du groupe croupit déjà en prison. Plusieurs journalistes vedettes de la chaîne de télé NTV, le fleuron de Media Most, ont été interrogés. Récemment, les