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Libération
Interview

Vladimir Goussinski: «La Russie se rapproche d'un régime totalitaire»

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Le patron de Media Most accuse Poutine de vouloir museler la presse.
publié le 19 février 2001 à 23h02

Sotogrande envoyée spéciale

Vladimir Goussinski, richissime patron de NTV, la chaîne de télévision russe indépendante, est réfugié dans le sud de l'Espagne, sous le coup d'un mandat international russe qui l'accuse d'escroquerie. Dans une interview, rare, Goussinski con tre- attaque et explique comment Poutine, qui trouve NTV trop frondeuse, veut mettre la chaîne au pas à travers Gazprom, aux ordres du Kremlin.

Croyez-vous que Poutine soit prêt au compromis?

Si je dois faire dire à Kisseliov (directeur général de NTV et journaliste vedette, ndlr) que Poutine est un grand brun aux yeux bleus de deux mètres, ou lui demander de ne plus parler de la Tchétchénie, alors c'est impossible! En juillet, après mon incarcération (il a passé trois nuits en prison en juin à Moscou, ndlr), on a voulu me faire vendre la compagnie: la liberté en échange des actifs. Mais les médias ne peuvent vivre dans un camp de concentration.

La situation semble désespérée. Si vous n'arrivez pas à rembourser un crédit de 262 millions de dollars, le géant gazier Gazprom (1), qui est contrôlé par l'Etat, va prendre le contrôle de la chaîne NTV, et c'en sera fini de votre indépendance. Comment allez-vous vous en sortir?

Si le pouvoir ne nous détruit pas d'ici là, on trouvera l'argent. Autour du magnat américain Ted Turner (2), un consortium est prêt à acheter des parts dans Media Most. Mais, si le pouvoir continue à nous harceler, quel fou se risquerait à investir? On a eu 50 perquisitions au cours des deux dernie