A trop vouloir prouver, on se piège. Les «révélations» d'Omar Chikhi, un émir des GIA aujourd'hui repenti, tombaient trop bien pour être désintéressées (Libération d'hier). Plusieurs années après les faits, il affirmait, samedi dans le quotidien El Youm, que les GIA voulaient, en 1994, faire exploser l'Airbus d'Air France au-dessus de Paris et avaient exécuté les sept moines français de Tibéhirine afin de contraindre Paris à lâcher Alger. Il se vantait aussi d'avoir tué plusieurs journalistes, provoquant un tollé dans la presse algérienne ce week-end.
«Hors micro». Mais à en croire l'émir, cet entretien a été revu et corrigé concernant les assassinats de journalistes. Embarrassés, deux des interviewers algériens expliquent que l'ex-émir a bien dit ce qu'il a dit ou, en tout cas, «dans une version proche» et «hors micro». Pour obscurcir plus encore ces petites embrouilles, on apprend que l'entretien avec Omar Chikhi a été réalisé... il y a presque deux ans par une revue saoudienne, qui l'a utilisé seulement le 14 janvier. La presse algérienne n'a jugé bon de le reprendre qu'un mois plus tard. Ce retard n'est pas fortuit. Les «confessions» de l'émir sur les atrocités des GIA tombent au moment où un témoignage sur «la sale guerre» fait grand bruit en Algérie comme en France. Un ex-officier algérien, Habib Souaïdia, y accuse l'armée de tueries.
Un émir contre un officier: tout cela ressemble à s'y méprendre à une riposte d'Alger aux remous provoqués par Souaïdia. Depuis dix ans, l