Kananga envoyé spécial
N'était la végétation luxuriante, on se croirait dans le Désert des Tartares. Une poignée de Casques bleus qui tuent le temps et l'ennui en attendant... En attendant quoi, au fait? Il y a Petar, l'Ukrainien, rendu écarlate par la chaleur et qui ne fume que des cigarettes de chez lui. Il y a aussi Farooq, le Bangladais, et son compère indien, tout droit sortis de l'ancienne armée des Indes: «Yes sir!» L'officier égyptien se méfie surtout de la cuisinière: elle pourrait mettre du porc dans les menus. Seuls Doudou, le Sénégalais, et son copain tanzanien n'ont pas l'air trop dépaysés, à défaut de savoir exactement ce qu'ils font là.
Ligne de front. Là, c'est Kananga, quatrième ville de la République démocratique du Congo, qui a gardé de son passé colonial une belle architecture entre-deux-guerres. Les Belges avaient pensé un temps faire de cette ville, à 800 km à l'est de Kinshasa, la capitale du Congo. A défaut, c'est devenu celle de la province du Kasaï occidental, avec 1 million d'habitants, 80000 fonctionnaires, un aéroport, une gare, et un jeune gouverneur de 32 ans que ses lunettes d'écaille font ressembler à Patrice Lumumba, le héros de l'Indépendance. Difficile de croire qu'à quelques kilomètres de là passe la ligne de front qui coupe en deux la RDC, suivant une diagonale qui va du nord-ouest à l'extrême sud-est du pays. D'un côté, les Forces armées congolaises (FAC) soutenues par l'Angola, le Zimbabwe et la Namibie. De l'autre, les deux mouvements r