La vengeance de la Commission s'exerce aussi par-delà la tombe. Sur proposition de Neil Kinnock, le vice-président chargé de la réforme administrative, l'exécutif communautaire exige des héritiers de René Berthelot le remboursement des salaires que ce dernier, décédé le 2 mars 2000, a perçus grâce à un emploi fictif fourni par Edith Cresson, ex-commissaire à la recherche. L'ancien dentiste, ami personnel de l'ancien Premier ministre, a été payé par les services de la Commission entre février 1995 et décembre 1997 à ne rien faire. Le Comité des experts indépendants a confirmé l'inexistence de cet emploi, ce qui a entraîné la démission de la Commission en 1999. Durant cette période, Berthelot a perçu 136 240 euros (894 000 francs), somme que, dans une lettre du 21 décembre 1999, Neil Kinnock lui a demandé de reverser au budget communautaire. L'homme, gravement malade, a refusé. Au lendemain de sa mort, tout le monde pensait que la Commission ferait une croix sur sa créance. Au contraire: outre le principal, Neil Kinnock réclame les intérêts de retard (2 030 euros). Les héritiers sont dans la mouise : la «décision» de la Commission est immédiatement exécutoire. On ne peut que s'étonner de cet acharnement: plusieurs fonctionnaires européens devraient être aussi poursuivis par Kinnock et être tenus pour coresponsables du remboursement desdits salaires. Car l'emploi bidon de Berthelot a reçu la bénédiction de l'administration et du cabinet de Cresson et personne ne s'est interrogé
Acharnement post-mortem
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par Jean Quatremer
publié le 23 février 2001 à 23h07
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