Londres de notre correspondant
N'espérez pas communiquer avec une institution britannique dans une autre langue que l'anglais. Le quotidien The Guardian en a fait la dure et drolatique expérience dans son édition de mercredi. «Sprechen Sie Deutsch?», a demandé l'un de ses journalistes à Buckingham Palace, puis à l'Imperial Museum. «We speak english», s'est-il entendu répondre sur un ton d'abord surpris et vite irrité. Réaction encore plus sèche au British Council contacté par un malheureux hispanophone: «Inglais. Inglais. This is english-speaking only.» Réclamer «une place» en français pour les Misérables, monument tricolore et comédie musicale à succès, entraîne une série de quiproquos: «The prices? Yes.»
Volapük mondial. Le journal voulait sonder l'ignorance de ses concitoyens en la matière. Un test particulièrement réussi. Une enquête, effectuée à l'initiative de la Commission européenne et publiée mardi, révèle que, en ce qui concerne le maniement des langues, la Grande-Bretagne est à la traîne de l'ensemble de ses voisins. Les deux tiers de ses habitants (66 %) avouent être incapables de parler autre chose que l'anglais. Même les Français, traditionnellement peu polyglottes, font mieux. La moitié d'entre eux maîtrisent peu ou prou une langue étrangère. Selon le dicton, un Anglais pour se faire comprendre hors de chez lui hausse la voix. Si cela ne marche pas, il doit crier plus fort. «Aujourd'hui, ce n'est même plus nécessaire de crier», note l'éditorialiste du Financial