C'est ce qui s'appelle se tirer une balle dans le pied. En réclamant une commission d'enquête internationale sur les droits de l'homme dans son pays, le président togolais, Gnassingbé Eyadéma, ne s'attendait pas à être épinglé de telle manière. Le rapport de la commission des Nations unies et de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), rendu public jeudi, conclut à des «violations systématiques des droits de l'homme» au Togo. Le gouvernement togolais lui-même avait réclamé ce rapport, afin de contrer les accusations d'Amnesty International, faisant état de la disparition de plusieurs centaines de personnes avant et après l'élection présidentielle de juin 1998. Selon l'organisation indépendante, les corps d'opposants assassinés avaient été largués en haute mer par avion.
Or la commission ONU-OUA confirme l'existence d'exécutions extrajudiciaires d'opposants, ainsi qu'un nombre anormalement élevé de cadavres récupérés par des pêcheurs. La commission estime ne pas avoir eu les moyens de confirmer le nombre de cadavres et ne s'estime pas en mesure de certifier qu'ils ont été largués par avion. Le rapport recommande d'ailleurs l'envoi d'experts, afin de poursuivre l'enquête. Il révèle aussi que Lomé a tenté de corrompre des témoins: détail fâcheux, alors que le régime accuse Gilchrist Olympio, le principal opposant, d'avoir soudoyé Amnesty. Plus gênant, les enquêteurs font état de tortures de détenus, de viols par des «milices armées apparemment soutenues et encouragées par le P