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Libération
Interview

«Un compromis riquiqui vaut mieux qu'un échec»

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publié le 26 février 2001 à 23h09

En décembre, vous souligniez que le traité issu du sommet européen de Nice manquait d'«ambition».

Ce «compromis riquiqui», vous allez pourtant le ratifier...

Le sommet de Nice aurait dû être un rendez-vous historique, le coup d'envoi de la grande Europe. Mani fes te ment, les chefs d'Etat et de gouvernement n'avaient ni la vision, ni le courage, ni l'audace d'engager plus hardiment les réformes de structures nécessaires à la grande Europe. Ils n'ont pas su, non plus, fixer un calendrier contraignant d'adhésion, comme ils avaient su le faire lorsqu'il s'était agi de l'euro. On a fait le minimum vital de l'élargissement. Mais, maintenant, l'Europe prend une autre dimension. Avant Nice on discutait à quinze. Après Nice, il faudra apprendre à discuter à vingt-cinq et plus. Je maintiens donc: ce traité est un compromis riquiqui. Mais qui vaut mieux qu'un échec.

Qu'est-ce que vous mettez dans votre grande Europe?

Pour toute une génération, l'enjeu européen a été celui de la construction d'une petite Europe sur les fondements de la réconciliation franco-allemande. Pour une nouvelle génération, l'enjeu à venir est celui de la construction d'une grande Europe sur les ruines du Mur de Berlin. En s'élargissant, l'Europe ne change pas seulement de dimension, elle change de nature. Elle n'est plus une simple affaire d'économie, elle devient affaire politique. Elle n'est pas une addition d'Etats dans une simple logique de puissance, elle est une réunion de nations et de peuples.

Quelle peut-êt