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Libération

Les taliban déclarent la guerre aux statues

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Leur chef appelle à détruire un pan du patrimoine afghan.
publié le 27 février 2001 à 23h11

Peu après s'être emparés de Kaboul, en 1996, certains commandants taliban (littéralement «étudiants islamiques») avaient menacé de réduire en poussière toutes les statues du pays. Haut lieu du tourisme afghan avant l'occupation soviétique (1978-1989), les fabuleux bouddhas géants de Bamiyan, creusés dans une falaise, étaient les plus visés. Le mollah Omar, le chef des taliban devenu émir autoproclamé de l'Afghanistan, était intervenu pour interdire la destruction de ces effigies, hautes respectivement de 38 et 55 mètres, construites vers le Ve siècle après J.-C. «Car, si l'islam interdit bel et bien toute représentation d'êtres vivants, c'est afin d'éviter l'idolâtrie. Or les bouddhas n'étant pas actuellement objet de culte, ils pouvaient être préservés», nous expliquait, le 13 février à Kaboul, le ministre taliban de la Culture, Qudrattullah Jamal.

Patrimoine exceptionnel. Le mollah Omar, qui passe le plus clair de son temps abîmé sur son tapis de prières, a apparemment changé d'avis. Hier, selon l'un de ses édits, rendu public par l'Agence France-Presse, l'émir a ordonné la démolition de toutes les statues, y compris celles des époques préislamiques. Une catastrophe puisque l'Afghanistan est le pays du monde qui a le patrimoine le plus important du monde en statues bouddhiques. «En raison du verdict des religieux et de la décision de la Cour suprême de l'Emirat islamique, dit le décret, toutes les statues en Afghanistan doivent être détruites.»

Coiffé d'un turban noir, deux