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Libération

«Carnaval à Berlin.. palmiers en Alaska»

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Délaissée en 1959, la fête catholique réinvestit les terres protestantes.
publié le 28 février 2001 à 23h13

Berlin de notre correspondante

Sur les chars, les sourires sont un peu glacés, les majorettes lèvent la jambe en pagaille et les uniformes font cousus maison : qu'importe ! Berlin a retrouvé son premier carnaval de rue depuis 1959. Fous, princes, clowns ou ­ actualité oblige ­ vaches folles ont défilé dimanche sur Unter den Linden, l'avenue de prestige du centre-ville, bordée de vieux palais prussiens. Avec le déménagement du gouvernement de Bonn à Berlin, les quelque 30 000 Rhénans, fonctionnaires, hommes politiques ou lobbyistes mutés dans l'ancienne capitale prussienne, tentent d'y importer la plus drôle de leurs traditions : la cinquième saison, celle de la dérision.

Nostalgiques du Rhin. C'est un restaurateur originaire des bords du Rhin, Harald Grunert, 51 ans, qui, avec l'éloignement ­ et les impératifs de publicité de son commerce ­, a ressuscité ce défilé de rue. Arrivé à Berlin en 1997, Harald Grunert y a ouvert, avec un partenaire bonnois, une «représentation permanente de la Rhénanie à Berlin», la Stäv : un célèbre bistrot, au bord de la Spree, où se retrouvent nostalgiques du Rhin, touristes, mais aussi, assurent les patrons, de plus en plus de Berlinois, amateurs de Kölsch, la petite bière de Cologne. «Les Berlinois aiment bien faire la fête. Je suis sûr que le carnaval peut avoir une chance de prendre ici», parie Harald Grunert.

Implanter ces débordements plutôt coutumiers des régions catholiques dans une ville protestante, dégrisée par deux dictatures, déchristi