Washington de notre correspondant
Sur le plan extérieur, il agace beaucoup de monde : pays arabes, Russie, Chine, France... Mais sur le plan intérieur, quel état de grâce ! Tout a l'air de sourire à George W. Bush, qui prononçait hier soir son premier discours devant les deux chambres du Congrès. Les médias américains, qui le traitaient facilement de plouc jusqu'aux élections, louent maintenant son style «nature» (folksy). Le contraste avec Bill Clinton, qui patauge depuis un mois dans les scandales, le fait apparaître comme un modèle de vertu. Sa légitimité a retrouvé des couleurs : le Miami Herald, qui a examiné un par un les bulletins de votes litigieux de Floride, est arrivé à la conclusion que Gore n'aurait pas gagné, quelle que fût la façon de recompter. Un mois après son investiture, 62 % des Américains apprécient la façon dont il dirige le pays, selon l'institut Gallup. Il y a huit ans, Bill Clinton n'était crédité, selon ce même institut de sondage, que de 51 % d'opinions favorables.
Vrai test. C'est donc un George W. Bush regonflé à bloc qui a présenté hier soir son premier budget, exposé la philosophie de sa gigantesque baisse d'impôts (1 600 milliards de dollars en dix ans), esquissé les pistes de sa réforme du régime de retraite. «Son état de grâce devrait durer encore quelques mois. Mais ce discours de politique générale marque pour lui le début des choses sérieuses ; le marchandage avec le Congrès promet d'être très dur, analyse Allan Lichtman, professeur de sci