Djakarta, envoyé spécial
Manipulation, haine irrépressible entre autochtones marginalisés et immigrés rendus arrogants par leur succès, enfin incapacité des forces de sécurité à rétablir l'ordre. C'est une combinaison de ces facteurs qui explique les massacres entre Dayaks et Madurais musulmans qui déstabilisent depuis dix jours le centre de Kalimantan, la partie indonésienne de l'île de Bornéo. Le bilan hier était de 428 tués, dans la grande majorité des Madurais, dont 118 massacrés alors qu'ils tentaient de gagner, escortés par dix policiers, un camp de réfugiés. Une certitude domine : personne parmi les leaders locaux, les politiciens nationaux ou les chefs militaires ne semble capable de mettre un terme rapide aux troubles qui s'étendent. Et après des flambées de violences similaires en 1997 et 1999, tout paraît indiquer que ces affrontements interethniques reprendront par la suite. Du moins, dans les rares régions du Kalimantan où les Dayaks, coupeurs de tête par tradition, n'ont pas encore achevé leur campagne de nettoyage ethnique. «Conspiration ou non, le problème est que personne dans ce pays ni Gus Dur (surnom du président Abdurrahman Wahid) ni Megawati Sukarnoputri (la vice-présidente) n'ont suffisamment de tripes pour prendre des mesures décisives. L'Indonésie souffre d'une crise de leadership», résume Saïd Salim, un spécialiste des questions de sécurité.
Conspiration. Force est de constater toutefois certaines coïncidences troublantes. A chaque fois que le préside