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Libération

La très chère offense à Bouteflika.

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Toute attaque contre le pouvoir algérien sera passible de lourdes peines.
publié le 1er mars 2001 à 23h48

«Dorénavant, on ne doit plus dessiner, dire et montrer les rides de nos chefs. Ni parler de leur taille. Ni de leur gros ventre. C'est le meilleur moyen qu'ils ont trouvé pour corriger l'image de la République. L'offense au Président fait désormais partie du code pénal. Il ne faut pas écrire que Bouteflika est Bouteflika [...]On ne pourra plus parler de (lui). Ni des généraux. Ni des ministres qui leur servent de baby-foot [...]»: ce billet, publié par le Quotidien d'Oran, résume bien le sens du projet de nouveau code pénal, annoncé hier par Ahmed Ouyahia, le ministre de la Justice. Le texte de loi en préparation confirme que le pouvoir entend, d'un côté codifier le verrouillage de la scène politique et médiatique qui a cours depuis plusieurs mois et, de l'autre, faire preuve d'une certaine indulgence à l'égard des crimes économiques dans un pays où la corruption est notoire au sommet de l'Etat.

L'opinion peut, certes, accueil lir favorablement les sanctions prévues contre les prêches violents (trois à cinq ans de prison et 50000 à 200000 dinars, 5000 à 20000 F), même s'il y transparaît avant tout une volonté des autorités de contrôler les imams. Mais c'est la liberté d'expression, déjà mise à mal par l'autocensure, qui est soumise à rude épreuve. Désormais, un média qui offense le chef de l'Etat est passible d'une amende de 500000 à 5 millions de dinars (50000 à 500000 F), alors que les auteurs des écrits ou propos jugés diffamatoires seront punis d'un à trois ans de prison