Moscou de notre correspondante
Pour la première fois, un officier supérieur russe a été traduit en justice, hier dans le sud de la Russie, pour le meurtre d'une jeune Tchétchène alors que se multiplient les témoignages sur les exactions russes dans la petite république indépendantiste. Le procès du colonel Iouri Boudanov, accusé d'enlèvement et de meurtre, s'est ouvert à Rostov-sur-le-Don dans une atmosphère tendue. Des groupes de sympathisants nationalistes étaient venus manifester avec des pancartes réclamant «Liberté pour Boudanov» et «Liberté pour la Russie». Son ancien supérieur, le général Chamanov, qui commandait les troupes fédérales sur le front ouest en Tchétchénie et nouveau gouverneur d'Oulianovsk, a exprimé sa solidarité en serrant la main de l'accusé, assis derrière une grille.
A sa sortie de l'audience, le père de la victime, une jeune fille de 18 ans assassinée le 27 mars dernier, brandissait deux photos, l'une montrant une ravissante brunette, l'autre un cadavre meurtri. Boudanov avait d'abord été inculpé de viol, mais cette accusation a finalement été abandonnée. Le colonel avait arrêté cette jeune fille et l'avait interrogée dans son QG où il l'avait étranglée. Lors de l'enquête, il avait déclaré ne pas avoir eu l'intention de tuer la victime qui, selon lui, était un franc-tireur ayant abattu des soldats russes. Si la cour acceptait cette défense, le colonel pourrait bénéficier d'une peine légère, ce qui inquiète les défenseurs des droits de l'homme qui voie