Impala, envoyée spéciale
Une succession de champs de maïs borde la route nationale. A l'entrée de la ferme d'Impala, à 60 kilomètres de la capitale Harare, tout est calme. Chevaux et vaches paissent dans leurs enclos. L'allée débouche sur des hangars entourés d'un haut grillage. Trois ouvriers en bleu de travail s'activent autour d'un tracteur. «Les anciens combattants sont de l'autre côté, explique un employé. Comme ils viennent parfois nous embêter, on laisse le portail fermé.»
Au bord de la route, dans le campement des «envahisseurs», flotte un drapeau du Zanu-PF, le parti au pouvoir. Sur la clôture a été placardé un slogan: «Ce qui est bon pour le Blanc ne l'est pas pour le Noir.» Les anciens combattants du Zanu-PF ne sont plus qu'une vingtaine. Ils étaient cinquante il y a un an, quand les occupations de fermes blanches ont commencé.
Le responsable du camp émerge d'une tente, pieds nus et cheveux en bataille. Comme les autres, Tashire Chinyika a laissé femme et enfants au village. «Nous attendons que le gouvernement nous alloue des terres. Alors nous pourrons construire des maisons, cultiver nos champs.» Cet homme nie recevoir, comme l'opposition l'affirme, une allocation de 7 francs par semaine pour continuer à occuper la ferme. Pourtant, il a quitté un travail de menuisier qui rapportait bien. Il dit ne pas le regretter. «J'ai dix enfants, affirme-t-il. Trois sont grands, sans travail. Je veux qu'ils cultivent leurs terres.»
On s'accommode. Dans son intérieur rustique, le