Un quart de siècle après le coup d'Etat du 24 mars 1976, le débat sur l'impunité des militaires impliqués dans la dictature argentine (1976-1983) resurgit au détour d'une affaire d'enlèvement et d'appropriation d'enfant. En se prononçant favorablement, mardi, sur une plainte déposée contre l'«adoption» par un militaire d'un bébé Claudia Victoria Poblete, enlevée avec ses parents en 1978 et internée dans un camp de détention , le juge fédéral Gabriel Cavallo a déclaré «inconstitutionnelles, invalidées et nulles» les deux lois d'amnistie votées en 1986 et en 1987. Le jugement ne s'applique qu'à cette affaire, mais pourrait créer un précédent et permettre d'entamer des poursuites contre des centaines de soldats et d'officiers qui n'ont jamais été inquiétés.
C'est, indirectement, grâce aux Grand-Mères de la place de Mai que cette brèche est ouverte. Le délit de vol de bébés dans les maternités des camps de la dictature n'a pas été amnistié. La recherche de la véritable identité des enfants est donc le seul moyen de poursuivre les responsables de tortures et d'assassinats. Claudia Victoria Poblete avait récupéré son véritable nom l'an dernier, ce qui avait permis l'incarcération de Julio Simon, alias «le Turc», et de Juan Antonio Del Cerro, alias «Colores». Sous cette même accusation, les principaux responsables des juntes, dont le général Jorge Videla, sont aux arrêts domiciliaires depuis plus de deux ans, et l'amiral Emilio Massera, considéré comme l'idéologue du putsch de 19