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Libération

Les coptes souffrent, la Vierge apparaît.

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En Egypte, la minorité chrétienne se soude autour d'un miracle.
publié le 9 mars 2001 à 23h56

Assiout envoyée spéciale

Rideaux de fer, volets clos. En plein jour, les ruelles qui entourent la cathédrale orthodoxe d'Assiout sont vides. C'est la nuit que se réveille le quartier, que rouvrent les échoppes, qu'affluent les visiteurs, pour assister au miracle qui, depuis plus de six mois, aiguise la ferveur des coptes, à 600 kilomètres du Caire. Bras tendu vers la façade de la cathédrale, Bishoï, 19 ans, s'enflamme: «La Vierge apparaît sur le clocher. On ne la distingue pas nettement, mais on sent sa présence. Il y a de grands éclairs blancs, et parfois des colombes volent.» «On dirait que la lumière jaillit de la foule en prière», explique Magda, témoin du phénomène. Dans les travées de l'église, des familles entières dorment, sur des bancs. La veillée sera longue et fervente, ponctuée de cantiques et de prières jusqu'à ce que le miracle se produise, rarement avant les dernières heures de la nuit.

Depuis la première apparition, en août 2000, un million de pèlerins auraient déjà afflué de toute l'Egypte. La police, qui a enquêté en vain sur l'origine des éclairs, se contente de canaliser le flot des fidèles. Pour amba («père») Tomas, évêque de Qosseya, ville voisine d'Assiout, «l'apparition de la Vierge est réconfortante. Cela nous montre que Dieu est juste et qu'il nous donne quelque chose, pour nous aider à reprendre courage, pour contrebalancer notre malheur». Un malheur qui tient en un nom: Al-Kocheh, un village témoin en janvier 2000 des affrontements intercommunautair