Genève de notre correspondant
Fumer un joint en toute légalité. C'est le projet de loi que vient de proposer le gouvernement suisse au Parlement. A l'exception de l'Union démocratique du centre (UDC), les principales formations politiques de gauche comme de droite ne devraient pas s'opposer à la prochaine dépénalisation du cannabis, que ce soit pour sa consommation, sa culture, son acquisition ou sa détention.
Le projet de loi helvétique est plus ambitieux que le modèle néerlandais, puisqu'il autorisera explicitement la culture du chanvre, seulement tolérée aux Pays-Bas. Pour se prémunir contre un tourisme du joint, les autorités veulent n'autoriser que les Suisses et les étrangers résidents, âgés d'au moins 18 ans, à acheter une quantité limitée de cannabis, sans doute 5 grammes, dont la provenance devra être exclusivement locale. Pas question ni d'importer du cannabis libanais, afghan ou marocain, ni d'exporter du chanvre helvétique. Les commerçants auront l'interdiction de vanter les vertus du cannabis, dont la teneur en THC (tétrahydrocannabinol), substance hallucinogène, devra être inférieure à 3 %.
Ruth Dreifuss, la ministre suisse de la Santé, a expliqué en ces termes les raisons qui ont conduit le gouvernement suisse à initier ce projet de loi: «Je suis consciente des risques liés à la consommation de substances engendrant la dépendance. Mais je sais aussi que la répression n'a pas donné les résultats espérés et que, pour approcher efficacement la jeunesse, il faut cher