Tokyo de notre correspondant
La politique japonaise n'a jamais été aussi byzantine. Pressé de démissionner par à peu près tout le monde, le Premier ministre, Yoshiro Mori, a fini par concéder hier en privé qu'il était prêt à partir, mais sans donner de dates, ni ouvrir sa succession. Plombé par une cote de popularité désastreuse (moins de 9 % d'opinions favorables), Mori pourrait confirmer son départ demain, lors de la convention annuelle de son parti libéral-démocrate (PLD) à Tokyo. Mais, hier, tous les quotidiens de l'archipel titraient déjà sur sa démission.
Economie au plus bas. Le feuilleton Mori n'est toutefois pas terminé. Faute de s'entendre sur un successeur, le PLD, au pouvoir presque sans interruption depuis la fin de la guerre, semble vouloir maintenir le Premier ministre jusqu'en avril. Cela permettrait au gouvernement de coalition qu'il dirige d'assurer le passage du budget 2001. Et à Yoshiro Mori d'assurer deux rendez-vous: le premier avec George W. Bush le 19 mars à Washington, et le second, sensible compte tenu des litiges territoriaux entre Tokyo et Moscou, avec Vladimir Poutine le 25 mars à Irkoutsk.
Aussi aberrant que cela puisse paraître, la deuxième puissance économique mondiale s'apprête donc à affronter deux échéances diplomatiques cruciales avec un leader privé de pouvoirs réels et décrié. L'opposition japonaise, emmenée par le parti démocrate, a fait savoir qu'elle pourrait boycotter la session parlementaire en cours si Yoshiro Mori reste aux commandes