Cette fois, les policiers de Zine Ben Ali ne s'en sont pas pris à un quidam, voire un journaliste, un avocat ou un islamiste sans défense. Par deux fois en quelques jours, ils ont agressé un de ces personnages généralement considérés comme «intouchables», appartenance sociale, liens familiaux et indépendance obligent.
Agression. Samedi dernier, alors qu'elle sortait du Palais de justice de Tunis, c'est donc une sociologue très connue, Khadija Chérif, qui est jetée et traînée à terre par un agent des services de sécurité en civil qui lui arrache le dossier qu'elle transporte dans son sac, avant de fuir. Les dizaines d'agents présents aux alentours du Palais ne font même pas mine d'intervenir. Le procureur de la République devant lequel elle veut déposer plainte pour «agression en flagrant délit» refuse de recevoir sa plainte. Le dossier volé contenait des photos et des documents concernant l'agression qu'elle avait déjà subie dix jours plus tôt.
Ce 1er mars, un important dispositif policier bouclait les alentours du Conseil national des libertés (CNLT, non reconnu) où devait se tenir une réunion à laquelle Khadija Chérif se rendait. «Alors que j'engageais une manoeuvre pour faire demi-tour, raconte-t-elle, une dizaine de policiers se sont rués sur moi comme des chiens enragés. Par ma vitre ouverte, des coups pleuvent sur mon cou, ma tête, ma poitrine. Ils me giflent à toute volée. Mon moteur calant, ces voyous continuent à me frapper brutalement sur la tête, en donnant de viole