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Libération

La Pologne redécouvre son passé refoulé.

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Les autorités ont reconnu la culpabilité de Polonais dans le pogrom de Jedwabne, en 1941.
publié le 14 mars 2001 à 0h02

Il aura fallu attendre onze ans après la chute du communisme et l'instauration de la démocratie pour que la Pologne se lance dans un douloureux débat sur son attitude dans l'histoire à l'égard des juifs. Tour à tour la semaine dernière, les plus hautes autorités du pays ­ le Président, le primat et le Premier ministre ­ ont reconnu publiquement la culpabilité de Polonais dans le massacre des juifs de Jedwabne, perpétré en 1941. Une première dans un pays où le silence était de mise sur une question taboue, hautement sensible car touchant à la sacro-sainte martyrologie nationale.

A l'origine du débat qui occupe les médias depuis l'automne dernier, la publication, en mai 2000, du livre de Jan Tomasz Gross, juif polonais émigré à New York après la campagne antisémite de 1968, consacré aux événements de Jedwabne (Les Voisins, voir Libération du 01/12/2000). L'historien y relate le massacre de la quasi-totalité de la population juive de cette petite localité située au nord-est de la Pologne. Le 10 juillet 1941, alors que les troupes soviétiques viennent de se replier, laissant la place aux nazis, les Polonais traînent les juifs dans une grange et y mettent le feu. Sur 1 200 personnes, seules 7 survivront.

Deux procès. La Pologne redécouvre un passé qu'elle voulait garder enfoui. La «révélation» de Jan Tomasz Gross n'en est pas vraiment une. Deux procès ont eu lieu après-guerre, en pleine période stalinienne, où furent jugés une trentaine d'habitants de Jedwabne, présentés comme des