Tetovo envoyé spécial
Une maison brûle sur la crête à deux kilomètres à vol d'oiseau du centre de Tetovo, qui résonne du grondement sourd des mortiers et des rafales d'armes légères. Les rues de cette ville de Macédoine se sont vidées en quelques minutes. D'un coup, la guerre est devenue une réalité tangible. Des tirs intenses avaient commencé dès la mi-journée dans la montagne aux abords immédiats de cette ville de 200000 habitants, véritable capitale des Albanais de Macédoine, qui représentent quelque 85 % de la population de la commune. L'UCK, «l'armée de libération nationale», la guérilla albanaise de Macédoine, a lancé hier sa première opération aux abords d'une grande ville alors qu'elle restait jusque-là retranchée dans la haute vallée isolée de Lipkovo, limitrophe du Kosovo. Lors des affrontements, un civil a été tué et treize personnes blessées. Cette escalade dans le conflit risque d'ébranler toute la Macédoine, cette ancienne République yougoslave de 2,2 millions d'habitants où les Slavo-Macédoniens représentent 63 % de la population et les Albanais officiellement 23 %, bien qu'ils assurent peser plus du tiers.
Résignés au pire. Restés sur le pas des portes, les habitants de Tetovo regardent tous vers les crêtes où les combats ont démarré. Les uns, les Albanais, surtout les jeunes, ont le regard brillant et le sourire aux lèvres. «Ce ne sont pas des terroristes; ils combattent pour nos droits et il n'y a pas d'autres moyens de se faire entendre», lance un étudiant q