Séminole (Oklahoma) envoyé spécial
En racontant ce qui se passe dans sa tribu, Sylvia Davis, tendue comme une corde, sanglote de colère: «L'argent a gâché toute l'histoire de mon peuple.» Jusqu'à l'été dernier, cette femme de 46 ans, était membre du conseil tribal de la nation séminole. Mais elle a été exclue de la tribu, comme tous les autres descendants d'esclaves. Sylvia Davis est indienne et noire. Son père Roosevelt, un vieillard au sourire sans dents, n'a droit à aucune aide de son peuple. Le toit de sa maison, une masure entourée de carcasses de voitures et d'arbres déracinés, est pourri, mais on lui a refusé l'aide au logement car il n'a pas réussi à prouver son sang indigène. «Parce que sa peau est noire!», dénonce Sylvia Davis. Son mari, Don, 60 ans, lance depuis le fond du salon «Moi, je ne vais plus aux réunions avec les Indiens. J'ai peur de cogner quelqu'un.»
Une si belle épopée
Autrefois plus liés que des frères, Séminoles de sang et Séminoles noirs, se tournent le dos. Les premiers ne reconnaissent plus l'appartenance des seconds à la tribu. Pour une bête histoire d'argent, une des plus belles épopées de l'histoire indienne se termine aujourd'hui dans l'amertume, les mensonges et les procès. Les Séminoles de sang et noirs ne sont d'accord que sur un point: c'est le gouvernement fédéral, «l'homme blanc», qui est responsable du gâchis, de la ségrégation, de la pauvreté et de l'absence d'avenir.
Les aïeux de Sylvia et de Don étaient des esclaves qui, fuyant les gran