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Libération

Goma, rebelle et désemparé

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La ville congolaise vit dans l'attente du désengagement rwandais.
publié le 17 mars 2001 à 0h04

Goma envoyée spéciale

Claude avait 9 ans lorsqu'il est parti faire la guerre. Des soldats l'ont enlevé en pleine rue, jeté dans un camion et envoyé directement sur le front rejoindre d'autres petits kadogo, les fameux enfants soldats de l'Afrique des Grands Lacs. C'était en 1997 au moment de la «première guerre de libération», selon l'expression consacrée dans l'est du Congo pour désigner l'insurrection armée partie de Goma, capitale du Nord-Kivu, et qui va renverser le maréchal Mobutu après trente ans de pouvoir. Depuis, la république démocratique du Congo a connu une deuxième guerre qui oppose aujourd'hui encore le nouveau régime de Kinshasa et ses alliés angolais, zimbabwéens et namibiens contre des mouvements rebelles parrainés par le Rwanda et l'Ouganda.

D'une guerre à l'autre, le petit Claude a combattu aux côtés de toutes les forces qui se sont succédé dans la région. Il se souvient encore «des balles qui sifflaient partout», alors qu'il se défendait avec un fusil trop grand pour lui. Aujourd'hui âgé de 13 ans, il a fini par être démobilisé pour raisons de santé. Mais l'enfant vit désormais caché dans un orphelinat. «Là, les soldats ont moins de chance de revenir me chercher», explique-t-il de sa petite voix éraillée. Régulièrement, des rumeurs de recrutements forcés circulent dans les quartiers populaires de Goma.

Evanescent. Bombardée et pillée à plusieurs reprises depuis 1996, la ville vit au rythme de la guerre et des espoirs de paix. Or, après des années de blocage,