La Macédoine avait jusqu'ici miraculeusement échappé aux guerres qui ont accompagné l'éclatement de l'ex-Yougoslavie. Pourtant, cette petite république, créée en 1946 dans le cadre de la fédération titiste puis devenue indépendante en 1991, demeure l'un des maillons faibles des Balkans. Pour deux raisons au moins: sa composition ethnique potentiellement explosive une mosaïque de nationalités où dominent les Macédoniens, des Slaves orthodoxes constituant 63 % de la population, aux côtés d'Albanais, musulmans dans leur majorité, estimés entre un quart et un tiers de la population; et la fragilité même de son identité nationale, contestée à des titres divers par les Serbes, les Bulgares et les Grecs.
Frustrations. Longtemps dirigée par l'un des «sages» des Balkans, le président Kiro Gligorov, la Macédoine avait su préserver un certain équilibre, misant sur un dialogue interne, une réconciliation avec ses voisins et une coopération avec la communauté internationale. Minoritaires, à la différence des Albanais du Kosovo (90 % de la population), et moins radicalisés en raison de l'habileté de Skopje, les Albanais de Macédoine ont joué le jeu politique. Leur principale formation, le PDA (Parti démocratique albanais), siège au gouvernement avec cinq ministres. Mais les Albanais estiment toujours être des citoyens de second rang, sous-représentés dans l'administration et les postes de direction. Leur principale revendication être reconnus dans la Constitution comme une «nation cons