Selce envoyé spécial
Des tracteurs et des voitures déglinguées sans plaque d'immatriculation cahotent sur les pistes qui ne sont pas trop exposées. Des files d'hommes à pied et des dizaines de chevaux lourdement chargés de vivres, de munitions et parfois d'armes lourdes, dissimulées sous des bâches, escaladent les sentiers de montagne. Cette infatigable chaîne humaine sillonne jour et nuit les monts Chara, au-dessus de Tetovo, pour ravitailler la guérilla. L'UCK l'armée de libération nationale des Albanais de Macédoine contrôle désormais tous les villages de la montagne.
Les caravanes montent depuis la plaine et les environs immédiats de Tetovo, évitant ainsi les tirs des forces macédoniennes. D'autres, la nuit surtout, arrivent du Kosovo, distant d'une dizaine de kilomètres, à peine cinq heures à pas d'homme par des itinéraires qui changent sans cesse. La frontière est censée être contrôlée par le contingent allemand de la Kfor, la force de l'Otan de 40 000 hommes déployée au Kosovo depuis juin 1999. «Nous évitons de faire des problèmes à la Kfor, et elle ne nous en fait pas», ironise un muletier habitué des convois. Il connaît chaque sentier de montagne; de nuit, la lueur de la lune lui suffit à s'orienter.
«Zone libérée». Dans tous les hameaux, il y a des hommes en uniforme, des gens du coin aux tenues dépareillées et quelques combattants bien équipés. Dans sa «zone libérée», l'UCK contrôle tous les mouvements. Les notables, comme la population, s'inquiètent de la guerre