Les dates sont visiblement mal tombées. Le général Khaled Nezzar, l'ex-homme fort du régime, est aux Etats-Unis et l'ancien président Zeroual est à l'étranger pour des soins. Ni l'un ni l'autre ne pourront donc témoigner devant le tribunal d'Alger, qui devait rejuger hier la mutinerie de Serkadji, l'une des affaires les plus troubles et les plus atroces d'une «sale guerre» qui n'en manque pourtant pas. Restent les six autres témoins cités eux aussi par la défense qui, tous, occupaient des postes clés au sommet de la hiérarchie judiciaire et policière au moment des faits. Prudent, le juge ne s'est pas prononcé sur leur présence. «Le problème, estime Me Mahmoud Khelili, l'un des avocats de la défense, c'est que plus d'une centaine de détenus ont été massacrés dans un établissement pénitentiaire. Il est donc normal que les hommes qui étaient alors à la tête de l'Etat soient appelés à témoigner sur la gestion qui a conduit à une telle boucherie.»
Conditions obscures. Le 21 février 1995, une «mutinerie» éclate à la prison de Serkadji, à Alger, réputée l'une des plus dures du pays. Elle s'achève trente-six heures plus tard dans un bain de sang: 100 détenus dont 81 islamistes tués pendant ou après l'assaut des forces de sécurité et quatre gardiens égorgés «par les mutins» selon les autorités, en réalité dans des conditions aussi obscures que le déclenchement de la mutinerie elle-même.
Si Alger s'en tient à la thèse d'une «évasion fomentée par les GIA avec la complicité d'un gardi